Art De La Guerre V4

ADLG Version 4.0

Règle de jeu avec figurines - Antiquité et Moyen âge - Hervé Caille

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    VISIGOTHS EN ESPAGNE (419 - 711 AP JC)

    L'Antiquité - Période Romaine / Barbares

    Les Goths seraient originaires du Gothland, puis auraient émigré à la fin du deuxième siècle pour s’installer sur les rives de la mer noire. Durant la première moitié du troisième siècle, ils ravagent à plusieurs reprises les Balkans avant de s’installer, vers 250, en Mésie et en Thrace. L’empereur Claude II les repoussera, vingt ans plus tard, au nord-est du Danube. Vers 258, le peuple goth se sépare en deux branches. Les Gruthongues c’est à dire le « peuple de la steppe »), deviendront les Ostrogoths, c’est à dire « Goths de l’Est » ; les Thervingues, c’est à dire le « peuple de la forêt », deviendront les Wisigoths, ou « Goths de l’Ouest ».

    En 375, les Huns repoussent les Alains puis envahissent les terres d’Ermanaric, chef des Ostrogoths. Ayant conquis ce royaume, ils atteignent les terres des Wisigoths. Athanaric établit une ligne de défense sur le Danube mais les Huns parviennent à le prendre à revers. En 376, le chef goth se replie alors sur l’autre rive du fleuve et demande asile à l’empereur Valens. Tous les peuples de la rive gauche du Danube en font de même. « Le sol barbare avait vomi, comme la lave de l’Etna, ses enfants sur notre territoire » se plaindra l’historien Ammien Marcellin. Dans un premier temps, l’empire romain se réjouit de cet afflux de main d’œuvre et de soldats. La permission impériale accordée, les Goths traversent le Danube pour s’installer en Mésie et en Thrace. Mais la « cupidité des hommes » va provoquer une immense calamité. Les officiers romains profitent de la disette parmi les émigrants pour s’enrichir. Les chefs goths se plaignent auprès de l’Empereur, sans succès. Athanaric se retire dans les montagnes de Transylvanie, mais un autre chef, Fritigern, préfère s’installer en territoire romain. Rapidement, l’espoir fait place à la méfiance. Les esprits s’échauffent. Fritigern rassemble ses guerriers. L’armée romaine parvient temporairement à les contenir avant d’être totalement anéantie, le 9 août 378, lors de la bataille d’Andrinople. L’empereur Valens lui-même y trouvera la mort. Deux ans plus tard, Gratien et Théodose parviennent à arrêter les Goths. Puis, Athanaric ayant succédé à Fritigern, l’armée Wisigoth passe au service de Rome. Quant à eux, les Ostrogoths resteront soumis aux Huns jusqu’à la mort d’Attila, en 453.

    En 395 meurt Theodose. Ses fils refusent de donner à Alaric, nouveau chef des Wisigoths, le commandement qu’il demande. Celui-ci pille alors les Balkans. L’empereur Arcadius parvient à négocier la paix et lui confie le commandement des troupes romaines en Illyrie. Mais, en 401, Alaric passe en Italie et ravage le pays avant que le général romain Stilicon ne parvienne à le repousser. L’ambitieux Stilicon est assassiné à la demande de l’empereur Honorius et Alaric en profite, en 408, pour passer à nouveau en Italie. Rome est assiégée et finalement prise en 410. Le pillage durera trois jours. Cette même année, Alaric meurt alors qu’il prépare une expédition pour envahir l’Afrique. Son successeur, Athaulf, emmène les Wisigoths en Gaule. En 413, Narbonne, Toulouse et Bordeaux sont prises mais, l’année suivante, Athaulf est repoussé en Espagne par Constance, général de l’Empereur d’Occident Honorius. En 415, Wallia, qui lui a succédé, après l’éphémère Sigeric, fait la paix avec Honorius et part combattre en Espagne pour le compte de l’Empereur. Trois ans plus tard, après avoir battu les Vandales, il signe avec l’empereur Honorius un traité de foedus, qui permet aux Wisigoths de s’installer durablement dans la région « qui va de Toulouse à l’Océan », comme fédérés. C’est ainsi que nait le royaume de Toulouse.

    En 418, Wallia, de retour de son expédition victorieuse en Espagne, meurt à Toulouse. Théodoric, « homme doué d'une grande énergie et d'une force de corps extraordinaire, mais en même temps d'une modération extrême » lui succède. À la tête de l’Empire d’Occident, les empereurs se succèdent, après la mort d’Honorius : Constance III puis Jean le Tyran et enfin, en 425, Valentinien III. Les Wisigoths vont profiter de cette instabilité. Théodoric traverse la Narbonnaise et assiège Arles. Mais Aetius, qui commande l’armée romaine, le rejoint et lui inflige une défaite. Les combats vont reprendre en Narbonnaise dans les années qui suivent. En 439, Aetius obtient ainsi une victoire décisive sur les Wisigoths au mont Colubrarius, colline située aujourd’hui du côté d’Olonzac, dans l’Aude. La même année, Litorius, lieutenant d’Aetius, subit à son tour une sévère défaite sous les murs de Toulouse. Aetius et Théodoric finissent par faire la paix. Le roi Wisigoth envoie, dans les années 440, des troupes en Espagne pour aider les Romains à soumettre les Suèves, mais il se fait battre par leur roi Rechila.

    Déjà, de nouveaux nuages s’amoncellent : Attila le Hun menace la Gaule. Théodoric et Aetius, toujours alliés, réunissent leurs hommes et parviennent à battre, le 20 juin 451, l’armée d’Attila aux champs Catalauniques. Le peuple wisigoth paiera ce jour là un lourd tribut, le vieux roi Théodoric y trouvant la mort.

    Thorismond succède alors à son père, avant d’être assassiné par son frère Théodoric II, en 453. L’année suivante, l’empereur Valentinien III, soupçonneux, assassine Aetius, son général. Ce crime ne restera pas impuni puisque, un an plus tard, Valentinien est tué à son tour par des soldats. Petrone Maxime usurpe alors le trône de l’empire pour quelques mois. Enfin, en 455, Avitus, un Gaulois porté par Théodoric, « est proclamé Auguste par l’armée et les magnats, d’abord à Toulouse puis à Arles ».

    Les années 455 à 463 seront des années de guerre en péninsule Ibérique. Théodoric II, qui se présente comme le protecteur des Romains en cette région, remporte plusieurs victoires contre les Suèves. Et si, un an après son ascension, Avitus est forcé à abdiquer par Majorien qui lui succède à la tête de l’Empire d’Occident, c’est pour son propre compte que Théodoric poursuivra les combats en Espagne. La déposition d’Avitus ayant suscité des troubles en Gaule, il en profitera aussi pour intriguer de ce côté là. En 458, Majorien reprend l’initiative : il traverse les Alpes et s’installe à Arles. Théodoric réagit et assiège la ville, l’empereur l’ayant quittée. Mais la belle défense d’Egidius force Théodoric à lever le siège et à signer la paix.

    La mort de Majorien ordonnée par le patrice Ricimer, va être à l’origine de nouveaux troubles en Gaule. Théodoric en profite une fois de plus pour avancer ses pions. Sévère III ayant succédé à Majorien, il entérine la possession de Narbonne à Théodoric, la ville lui ayant été livrée. Le roi wisigoth est maintenant à la tête d’un vaste royaume comprenant l’Aquitaine seconde et la Narbonnaise jusqu’à Nîmes. Pourtant, il ne va pas s’arrêter là : en 463, il envoie son frère Frédéric étendre son royaume du côté de la Loire. Chinon est prise. Mais l’année suivante, Egidius lui inflige une sévère défaite, aux frontières de l’Armorique. Frédéric trouvera le mort sur le champ de bataille. En 465 meurt Egidius, probablement assassiné. Les Wisigoths en profitent pour reprendre pied sur la Loire.

    L’année suivante, Théodoric II est assassiné par son frère Euric. Il laisse la mémoire d’un très grand roi. Sidoine Apollinaire laissera de lui un très beau portrait.

    Euric va consacrer les premières années de son règne à assurer sa couronne. En 467, pour mettre fin aux troubles provoqués par Ricimer, Anthémius est nommé empereur d’Occident par Léon, empereur d’Orient. Doutant des intentions des deux hommes, Euric va ainsi négocier des alliances avec les Vandales d’Afrique et les Suèves de Lusitanie, tout en encourageant la trahison du préfet romain des Gaules, Arvandius. Puis, en 469, Euric prend les armes et envoie une armée en Espagne pour combattre les entreprises des Suèves et des Romains. La Lusitanie est ravagée. Dans le même temps, Anthémius avait fait appel aux Bretons, tout récemment installés en Armorique, pour stopper les progrès des Wisigoths sur la Loire. Mais, cette année là, leur roi Riothamus est battu par Euric à la bataille de Deols. Le Limousin, le Quercy, l’Albigeois, le Rouergue, le Gévaudan, et le Velay tombent alors entre les mains des Wisigoths. Ne se contentant pas de ce succès, Euric prend l’offensive du côté de la Provence. En 471, il bât Anthemiolus, fils de l’Empereur, près d’Arles. Nîmes se soumet aux Wisigoths. Plus au Nord, le Berry est conquis et Clermont est assiégé. Mais la ville est sauvée par Ecdicius, fils de feu l’empereur Avitus. Euric fait lever le siège et abandonne l’Auvergne.

    À Rome, l’année 474 voit la proclamation d’un nouvel empereur d’Occident : Julius Nepos. Celui-ci s’empresse de négocier la paix avec les Wisigoths. L’année suivante, Julius Nepos cède l’Auvergne à Euric en échange de la Provence. Les Wisigoths contrôlent alors tout le Sud-Ouest de la Gaule y compris l’Auvergne et une partie de l’Espagne. L’année suivante, Nepos est renversé par Oreste qui le remplace par son fils, Romulus Augustule. Celui-ci sera le dernier empereur romain d’Occident. Odoacre, général barbare au service de Rome, prend Ravenne et le force à abdiquer, le 4 septembre 476.

    Une fois de plus, l’insatiable Euric va profiter du désordre : en 476, il franchit les Pyrénées et se rend définitivement maître de toute la péninsule ibérique, à l’exception de la Galice, de la Lusitanie et du pays basque. Puis il conquiert tout le Sud-est de la Gaule, jusqu’aux Alpes. Odoacre lui cède ainsi toute la région comprise entre la Durance, les Alpes maritimes et la Méditerranée. Euric mourra vers la fin de l’année 484. Quelques années auparavant, il avait confié à son ministre Léon la rédaction d’un code de lois destinées au peuple Wisigoth : le code d’Euric. Ce recueil de lois sera complété par le Bréviaire d’Alaric, recueil de droit romain et compilation du code de Théodose de 438, promulgué par son fils Alaric II en 506.

    Euric était d’un naturel plus brutal que son frère. Ainsi son zèle pour l’arianisme le mènera à persécuter les catholiques. Mais c’est sous son règne que le royaume wisigoth atteindra son apogée. C’est son fils Alaric II qui lui succèdera.

    Au printemps 486, Clovis bât le gouverneur romain Syagrius à la bataille de Soissons. Tout le Nord de la Gaule passe sous domination franque. Syagrius se réfugie à la cour d’Alaric, mais le chef franc somme celui-ci de lui remettre le Romain, menaces à l’appui. Le jeune Alaric est contraint de s’exécuter. Il se rapproche alors de Théodoric, roi des Ostrogoths. Celui-ci essayait de conquérir l’Italie aux dépends d’Odoacre. Le roi wisigoth envoie une armée à son aide. C’est ainsi qu’en 493, Théodoric réussit à prendre Ravenne et devient maître de l’Italie, après avoir exécuté Odoacre.

    Alaric avait gardé du ressentiment après s’être laissé forcé la main par Clovis, dans l’affaire Syagrius. De son côté, le roi franc, devenu protecteur des catholiques, reprochait au wisigoth l’exil et la mort d’un évêque. La victoire de Tolbiac sur les Alamans, en 496, avait par ailleurs renforcé la confiance de Clovis en ses forces. Et de son côté, Alaric se reposait sur l’alliance avec Théodoric. Les conditions étaient réunies pour un affrontement armé. Théodoric intervient et essaye d’en dissuader Alaric : « La multitude de vos troupes et le souvenir des victoires sur Attila, ne vous doivent faire craindre le sort des armes toujours incertain » lui écrira t-il. Il écrit aussi à Gondebaud, roi des Burgondes, et à Clovis, roi des Francs, pour calmer les esprits : « Vous êtes tous deux à la fleur de votre âge et vous régnez paisiblement sur deux puissantes nations : vous risquez l’un et l’autre d’affaiblir vos états, ou de les ruiner entièrement pour une bagatelle », dit-il à ce dernier. Ces démarches ne seront pas vaines. Clovis consent à une entrevue avec Alaric, près d’Amboise, et la paix est sauvegardée. Au crépuscule de ce cinquième siècle, l’attention du roi franc est plutôt tournée vers le royaume des Burgondes. C’est ainsi qu’en 500 se noue une alliance entre Clovis et Théodoric contre Gondebaud, roi des Burgondes.

    Six ans plus tard, ayant maintenant les mains libres, Clovis tourne enfin résolument les yeux vers Toulouse. Alaric, toujours animé du même ressentiment, conforté par l’alliance avec Théodoric, se prépare aussi à la guerre. Mais le roi franc peut désormais compter sur l’alliance burgonde. Son prétexte, pour déclencher les hostilités, sera religieux.

    Alors que les Francs traversent la Loire en Touraine, les Wisigoths campent à Poitiers dans l’attente des renforts ostrogoths. Les soldats d’Alaric ne l’entendent pourtant pas de cette oreille : ils poussent leur roi au combat. C’est sur le champ de bataille de Vouillé, en 507, que vont s’affronter les deux rois. La défaite des Wisigoths sera complète et Alaric y trouvera la mort. Les Wisigoths sont repoussés en Espagne. L’année suivante, alors que la cour wisigoth se réfugie à Narbonne puis à Barcelone, Clovis prend Bordeaux et assiège Toulouse. La ville royale est prise, ses richesses pillées. Les trois Aquitaines aux mains des Francs, c’est au tour de Narbonne de tomber aux mains des alliés burgondes de Clovis. Arles sera sauvée par une armée envoyée tardivement par Théodoric au secours de son allié. Narbonne reprise par les Ostrogoths, Théodoric y installe le jeune Amalaric, fils d’Alaric. Mais le royaume wisigoth de Toulouse n’est plus. Alaric II clôt une aventure commencée quatre-vingt-quinze ans plus tôt par le fils d’Alaric Ier.

    Le royaume wisigoth perdurera pourtant en Espagne, où leur capitale est déplacée à Tolède. Ils feront ainsi la conquête, en 575, du royaume des Suèves, situé en Galice et au nord du Portugal actuel. Ce sont les invasions arabo-berbères, menées par Tariq ibn Ziyad qui mettront définitivement fin au royaume wisigoth d’Espagne, en 711.

    © Stéphane Thion, 2014

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